Albacete: routes et églises

Après avoir passé quatre mois à Rome, une différence par rapport à l’Italie saute aux yeux : à Albacete il n’y a pratiquement pas d’églises, ou, en tout cas, beaucoup moins que dans les villes italiennes. Les édifices sacrés ne sont naturellement pas complètement absents, mais par rapport à la profusion d’églises, chapelles, monastères, oratoires que l’on observe dans la péninsule italienne, l’Espagne (ou cette région espagnole) donne l’impression d’une ville largement sécularisé.

Je n’ai pas encore compris la raison de cette différence. Le fait que le développement de la ville soit assez récent constitue probablement un élément de réponse. Mais peut-être aussi la tradition historique de proximité entre église catholique et couronne, qui a en partie limité la prolifération d’initiatives venant de la base. Il faudra que je demande à mes collègues espagnol-e-s…

A l’inverse, les routes abondent, phénomène résultant sans nul doute d’un âge d’or du goudron, probablement avant la crise de 2007-2008, lorsque la forte croissance espagnole se fondait sur le secteur des constructions.

Devant ma résidence, trois routes relativement larges ont été construites – dont la route de contournement de la ville – à une distance de quelques 50 -100 mètres l’une de l’autre. A l’époque, les questions de planification et de rentabilité des investissements ne semblaient pas être des préoccupations majeures. Et le clientélisme – l’attribution de postes et de travaux lucratifs à des amis politiques – a probablement joué un rôle, un problème encore important actuellement en Espagne.

Un autre phénomène saute aux yeux : l’abondance exceptionnelle de cliniques dentaires, de laboratoires d’odontologie et de services similaires. J’y ai d’abord vu une conséquence du narcissisme croissant de nos sociétés, de l’engouement général pour l’esthétique, etc. J’étais déjà tenté d’en tirer une leçon morale sur les maux de notre temps, sur la décadence des mœurs, sur les jeunes…Toutefois, ma professeure d’espagnol, Sofia, l’analyse plutôt comme un effet paradoxal de la crise économique. Puisque beaucoup de gens ne peuvent plus se permettre les services d’un-e dentiste sérieux-euse, un marché de seconde zone s’est rapidement créé, offrant des services à prix cassés, et souvent de mauvaise qualité. C’est, selon Sofia, la raison pour laquelle les cliniques dentaires sont en train de pousser comme des champignons à chaque angle de la rue et se disputent le marché avec une publicité agressive.

Cela me rappelle le paradoxe économique classique des pommes de terre en Irlande au XIXe siècle : plus le prix des pommes de terre montait, plus les gens s’appauvrissaient et plus ils mangeaient des patates puisqu’ils ne pouvaient plus se permettre d’acheter d’autres aliments. On voit bien comment l’histoire aide à comprendre le présent, non… ? Avec le support d’une bonne prof d’espagnol, quand même.

 

3 réponses sur “Albacete: routes et églises”

  1. ciao Adrianita,

    grazie; é vero, effettivamente don Camillo e Peppone non ci sono più perché si sono ammazzati a vicenda nel 1936 o giù di lì… A presto, S.

  2. « Adelante Pedro (Sandro) con juicio! come diceva Ferrer nel bellissimo XIII capitolo dei Promessi Sposi.
    Permetti alla « grenouille de bénitier » di avanzare un’ipotesi sulla scarsità di chiese. Il 70% degli edifici religiosi furono distrutti durante la guerra civile o prima. Elimitate anche molte migliaia di preti, suore e seminaristi. Repressione anticlericale inconcepibile in Italia. Così come Don Camillo e Peppone extraterrestri per gli spagnoli.
    Italia e Spagna? « Acqui esta el busilis » (sempre Ferrer, capitolo XIII).
    Buon lavoro, Sandro!

  3. Che bel giro che fai , Sandro!
    Interessante l’osservazione sulla proliferazione delle cliniche dentarie, ma la spiegazione non mi convince. La professora avrà ragione, ma la crisi non sarà limitata ad Albacete . Resta da capire perché ci son tante cliniche proprio lì. . Che non ci si puó permettere il dentista succede anche qui, übrigens.
    Certe parole sono proprio ben trovate, anche se vengono da un’altra lingua. Metti la parola « sobranceria » che descrive benissimo l’attitudine base degli spagnoli con o senza denti. Calza perfettamente con quel carattere che di primo acchito ci sembra così antipatico negli spagnoli e nei portoghesi. Forse è anche quello che ti fa dire che a differenza degli italiani non si lamentano. Vabbè Sandro, gli spagnoli non sono mica italiani e neanche mediterranei. Sono
    Iberici e hanno un’altra storia ,
    un altro modo di raccontarsi come i portoghesi.

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