Un blog, un projet pour mon congé sabbat…, pardon, scientifique:
Historien, Maître d’enseignement et de Recherche à l’Université de Lausanne, je profiterai pendant les deux semestres à venir d’un congé scientifique, qui m’emmènera à Rome en automne 2018 et en Espagne au printemps 2019.
Pendant cette période je vais conclure des recherches entreprises il y a plusieurs années sur l’histoire de la famille, de la parenté et de la sexualité et entamer un nouveau projet sur l’histoire des confréries dans les cantons catholiques suisses du XVIII et XIXe siècles. D’un point de vue plus général, cette recherche vise à mieux comprendre les spécificités de l’organisation des sociétés catholiques.
Le travail de l’historien-ne, toutefois, ne doit pas rester confiné au passé, mais doit servir à mieux comprendre le présent. L’Italie et l’Espagne sont aujourd’hui des pays qui traversent des crises profondes, peut-être décisives pour les destins de l’Europe : il serait dommage de vivre dans ces pays et de ne s’intéresser qu’aux archives et bibliothèques, sans regarder ce qui se passe autour.
Les problèmes italiens et espagnols ont largement été débattus dans les médias ces dernières années, souvent – surtout dans le cas italien – avec un mélange de condamnation et de commisération envers les maux historiques de ces pays. En arrière fonds, on perçoit encore bien le sentiment d’une supériorité des modèles sociétaux des pays atlantiques et du centre-nord – et largement protestants -, un sentiment qui s’accentue depuis le XVIIIe siècle. Il serait cependant plus intéressant de dépasser cette ancienne vision hiérarchique pour se demander si et dans quelle mesure ce que nous observons aujourd’hui au sud de l’Europe peut être vu comme une anticipation de situations futures ou comme manifestation de phénomènes plus généraux. L’Italie a par exemple souvent anticipé des phénomènes qui ont eu plus tard une portée bien plus large : c’est Mussolini qui a inventé le fascisme, dont Franco, entre autres, s’est par la suite inspiré. Depuis les années 1980 Silvio Berlusconi a élaboré un répertoire politique et médiatique qui a été repris depuis par plusieurs imitateurs politiques, et dont Donald Trump s’est sans doute inspiré aux Etats Unis.
Après la deuxième guerre mondiale, l’Italie était influencée par le plus grand parti communiste en Occident, alors que la gauche semblait avancer dans tous les pays ; le PCI a été plus tard côtoyé par le Parti communiste espagnol de Santiago Carrillo sur la voie de l’ « Eurocommunisme ».
Ce qui se passe aujourd’hui en Italie et en Espagne pourrait donc avoir des significations plus profondes sur les transformations qui affectent actuellement le continent européen : il vaut en tout cas la peine d’y réfléchir.
D’un autre point de vue, les crises et les difficultés actuelles ne sont pas le produit d’évènements récents, mais ont des racines historiques très profondes : des racines qui font de l’Europe méditerranéenne une région passablement différente de la Suisse et des pays de l’Europe du nord-ouest. Sans nourrir des ambitions excessives, mon projet a pour objectif de promouvoir une réflexion sur les diversités des modèles sociaux et politiques, ainsi qu’un débat sur l’origine des situations actuelles sur la base d’observations quotidiennes.
L’auteur et sa motivation
Historien et enseignant universitaire, je suis en possession d’une double nationalité suisse et italienne. J’ai grandi dans la Suisse italienne, mais je travaille en Suisse romande et j’habite en Suisse allemande. Je vis donc la diversité culturelle dans mon quotidien. Je parle couramment l’italien, le français, l’allemand ainsi que l’espagnol et l’anglais.
J’ai toujours été intéressé par les problèmes de communication interculturelle, d’identité et d’altérité culturelle ; en partie je me suis occupé de problèmes d’identité et de communication interculturelle. Je suis historien, mais j’ai toujours pratiqué le journalisme – à titre professionnel entre 1989 et 1996 ; j’ai toujours été intéressé par le rapport entre histoire et problèmes du présent. Ma pratique historienne est par ailleurs fortement inspirée des méthodes anthropologiques.
Le projet : un journal de voyage et blog de discussion.
Le blog est pensé avant tout comme un journal de voyage et en même temps de recherche : l’observation des réalités italienne et espagnole en sera l‘activité principale. Je pense à l’observation de l’actualité politique et sociale, mais également des réalités quotidiennes auxquelles je serai confronté. D’abord je suis une personne qui a la chance de passer du temps dans des pays merveilleux. À chaque fois, néanmoins, le regard sera aussi celui de l’historien, ou de l’anthropologue, attentif aux traditions locales ou nationales ainsi qu’à la diversité des cultures.
Par la mise en commun, ces observation et réflexions pourront faire l’objet de discussion par les collègues ou les personnes intéressées. Les langues de discussion seront le français et l’allemand, mais des contributions en italien ou en espagnol pourront être considérées et éventuellement traduites de façon synthétique.